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Albert Camus et la reconnaissance au travail

Dernière mise à jour : 22 nov. 2020

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Une vie professionnelle c’est aussi des questions existentielles.

Avec Un Cadre Un Auteur, éclairons-les à la lumière de grands auteurs.



Bonjour,


J’ai parfois le sentiment que quoi que je dise ou fasse, je n’obtiens aucune reconnaissance pour mon travail pas même pour des réussites importantes. Je ne souhaite pas en demander, mais cela me blesse et m’interroge.

Marco

Bonjour Marco,


La question de la reconnaissance au travail est un sujet extrêmement important…et ce n’est pas pour rien ! Dans le monde du travail, les objectifs se succèdent sans fin et souvent dans l’urgence, au point d’en négliger de célébrer les victoires, de se féliciter ou même parfois de dresser un bilan de l’action.


C’est triste, et il n’y a pas vraiment de responsable. L’urgence est devenue une allure ordinaire et chaque projet commence souvent avant la fin du précèdent. La recherche permanente d’efficacité pousse à sacrifier, souvent inconsciemment, les temps de sociabilité.

Il n’y a pas de fautif, mais l’abondante littérature appelant à un management bienveillant doit être perçue comme un signal d’alerte.


Marco, je suis désolé de vous le dire, mais vous ne changerez pas à vous seul les pratiques de votre hiérarchie. Vous pouvez (devez ?) briser la chaine et manifester de la reconnaissance à votre équipe mais instaurer un management bienveillant dans l’ensemble de votre entreprise ne vous appartient pas.

En revanche, le regard que vous portez sur votre propre travail vous appartient.


Dans un précèdent courrier, j’ai parlé d’Albert Camus et de l’absurde. Un de ses héros aux prises avec l’absurdité du monde est Sisyphe. Pour avoir voulu se jouer d’eux, il a été condamné par les dieux de l’Olympe à un châtiment éternel ; Pousser chaque jour un rocher au sommet d’une montagne d’où il retombera la nuit.


Plus de deux millénaires après Homère, Camus relira le mythe et réhabilitera Sisyphe en s’intéressant au moment précis où, le soir venu, le rocher commence sa descente. Ce qu’Homère voyait dans l’Odyssée comme la marque d’un destin implacable, Camus le voit comme une victoire absolue. Effectivement chaque jour, sans faillir Sisyphe atteint le sommet.


Camus nous décrit Sisyphe comme savourant chaque jour sa réussite. En s’accordant ce droit, il brise sa malédiction et sera éternellement plus malin que les dieux de l’Olympe.


La reconnaissance que l’on vous refuse Marco, commencez par vous l’accorder vous-même. Prenez le temps de dresser pour vous le bilan de vos réussites. Cela ne suffira peut-être pas, vous êtes peut-être confronté à une hiérarchie dysfonctionnelle, mais, au moins, vous briserez la chaine du manque de reconnaissance pour vous et votre équipe.


Camus conclut son texte par « La lutte elle-même pour les sommets suffit à remplir le cœur d’un homme. Il faut s’imaginer Sisyphe heureux . ».


Je vous souhaite Marco de prendre la peine de célébrer chaque sommet que vous gravirez.

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